Flash Musique Juin 2017

!!! (Chk Chk Chk), le groupe dance-punk New-Yorkais, fait son retour deux ans après l'excellent As If, Shake The Shudder. Enregistré dans le home studio du groupe à Brooklyn, produit par leur collaborateur de longue date Patrick Ford au Taaffe Palade et mixé par les producteurs dance Phil Moffa, Joakim et Matt Wigins, l'album présente un casting varié de chanteuses : Lea Lea, Meah Pace, Nicole Fayu, Cameron Mesirow et Molly Schnick.

En août 1958, le producteur Marcel Romano envoie un télégramme à Harry Colomby, l'impresario de Thelonius Monk : "Intéressé par la musique de l'artiste pour un film.". En mars de la même année, il rend visite au pianiste et à son impresario à New York pour leur raconter le scénario du film. Il organise deux sessions d'enregistrements pour la bande originale des liaisons dangereuses de 1960, de Roger Vadim. Encore aujourd'hui, l'importante contribution de Thelonius Monk au film (sa seule et unique participation à une Bo de long-métrage) n'a jamais fait l'objet d'un album et reste indissociable de la pellicule. Le groupe formé pour cette session était unique, en raison de l'addition du saxophoniste français Barney Wilen au quartet habituel de Monk à l'époque, qui comprenait : Charlie Rouse au sax ténor, Sam Jones à la contrebasse et Art Taylor à la batterie. Cette bande-originale, qui a presque soixante ans, reste pourtant l'une des plus prestigieuses du monde de la musique !

Originaire de Lyon, Raoul Vignal, nouvelle signature du label, commence à se produire en solo dès l'âge de 20 ans. Au fil de ses prestations scéniques, il tisse un univers délicat et harmonieux, un folk intimiste et visuel où son jeu de guitare (finger-picking et accordages alternatifs) devient une résonance subtile à son chant apaisant. Enregistré aux studios Klangbild à Berlin, avec l'ingénieur du son Martin J. Fiedler, "The silver veil" est son premier long format. "Son titre évoque cette couche nuageuse, d'un gris brillant, qui recouvre bien trop souvent la capitale allemande, et qui peut faire mal aux yeux lorsqu'on l'observe trop longtemps", explique le musicien. Raoul Vignal y dévoile dix titres intemporels, dix ballades nimbées d'une mélancolie lumineuse.

A l'occasion des dix ans de la disparition d'Alice Coltrane, Luaka Bop, le label de David Byrne, lance une nouvelle série : "Word spirituality classics" ."The ecstatic music of Alice Coltrane Turivasangitananda" est la première compilation d'enregistrements originaux de la pianiste-compositrice Alice Coltrane, et femme du saxophoniste John Coltrane. Après la mort de son mari en 1967, l'artiste s'est tournée vers les traditions hindoues qui lui ont permis de sortir quatre prodigieux albums solo; s'inspirant des gospels de Detroit et de sa dévotion pour le Bouddhisme. Ce disque hommage, recréé grâce à la famille d'Alice Coltrane, sort en CD accompagné d'un livret collector de 48 pages.

Artisan-songwriter de la grande époque Hi Records au côté du producteur Willie Mitchell, Don Bryant est aussi l'un des trésors vocaux les mieux gardés de la soul sudiste. Celui qui partage la vie de la chanteuse Ann Peebles depuis plus de quarante ans est de retour avec un nouvel album studio, près de cinq décennies après un premier essai en tant que simple interprète - "Precious soul" - malheureusement resté confidentiel.

Helen Merrill, anti star mythique du jazz moderne et chanteuse de grand renom, rend hommage à l'un des plus grands trompettistes Clifford Brown, disparu tragiquement à l'âge de 25 ans.

Strut présente une nouvelle compilation issue de la scène révolutionnaire de Maloya (La Réunion) au milieu des années 70. A cette période, l'instrumentation occidentale rejoint les instruments acoustiques traditionnels malgaches, africains et indiens pour déclencher toute une ère de nouvelles fusions et créativité. Compilé par le duo réunionais La Basse Tropicale, " Oté Maloya " fait suite à la sortie de Soul Sok Séga (2016) sur Strut. "Oté Maloya" raconte pour la première fois l'histoire musicale Réunionaise de cette période fertile. Du génie de Caméléon au classique de Michou 'Maloya Ton Tisane', en passant par le Daniel Sandié's breakbeat sleeper 'Défoule 3e Age', c'est un voyage à travers une ère perdue de blues et d'âme de l'océan Indien.

Sur la piste des clubs prestigieux, à La Bananeraie en Martinique et à la Cocoteraie en Guadeloupe par exemple, les musiciens s'essayent au boogaloo dans des interprétations rarement très orthodoxes, et c'est bien ce qui donne à cette compilation sa singularité et son panache. Elle intègre des influences en provenance du continent africain grâce au Rico Jazz (une adaptation de "Si Tu Bois Beaucoup" de l'orchestre de rumba congolaise O.K Jazz). On se frotte au "Jerk Vidé" d'un David Martial qui ne s'est pas encore travesti en cliché doudouiste. Avec la gouaille du guyanais Dany Play, et la pétulance de Joby Valente ("Disk La Rayé" avec Camille Soprann' au saxophone), on (re)découvre des standards publiés il y a un demi-siècle sur les deux labels historiques en Guadeloupe : Aux Ondes du producteur Raymond Célini, et Disque Debs dont le patron Henri Debs s'illustre aussi au micro sur "Ou Pas Z'ami En Moins". Dans un autre genre, "Ou Que Di Moin" de Monsieur X est un pamphlet de funk créole, ni latin, ni festif, pas strictement du boogaloo. Car le rythme nuyorican n'était qu'une infime partie de ce que jouaient les orchestres antillais, et il intégrait facilement des éléments de biguine ou de compa haïtien. Cette compilation s'autorise ainsi de petits écarts, pour le plaisir, en assumant des morceaux sur lesquels le boogaloo est d'abord une influence.

Elza Soares fait son retour en 2017 avec de nouveaux remixes du très acclamé "The Woman at the End of the World" et une tournée estivale incluant notamment des lives à Primavera Barcelona & Porto, à Roskilde, ainsi qu'à New-York (Red Bull Festival, Central Park Summer Stage). Oscillant entre rock'n'roll, free jazz, noise et électronique, " The Woman at the End of the World " a aujourd'hui suffisamment vécu pour être remixé. Pour cela, Mais Um Discos est parti à la recherche de prodigieux producteurs et c'est à New York et Londres que la musique d'Elza Soares a pris une toute autre dimension.

 

 

 

Le jazz japonais est un secret malheureusement trop bien gardé et il serait malheureux de se priver de l'écoute de Green Caterpillar de Masaru Imada Trio + 2. Emmené par Masaru Imada au Fender Rhodes, le disque s'ouvre avec 'A Green Caterpillar', morceau de 11 minutes dont le groove n'est pas sans rappeler Marc Moulin et son groupe Placebo. 'A straight Flash' poursuit dans cette lignée, tandis que sur 'Blue Impulse' et 'Spanish Flower' Masaru Imada passe au piano dans un style beaucoup plus modal.

L'album emblématique disco boogie de 1979 du groupe Dazzle arrive enfin en Europe. Produit par les légendes Stan Lucas et Leroy Burgess pour Patrick Adams Productions, les chants sont en grande parties les créations de Jocelyn Brown ('Somebody's Else's Guy') accompagné d'instruments live, de cordes et de synthés. Inclut le livret de Leroy Burgess et le titre bonus 'Walk Before You Run'.

En hommage à Alphonse Mouzon, le New York Times a cité un de ses plus beaux messages : « Parce que je suis ouvert d’esprit, je ne veux pas être uniquement identifié comme un batteur de jazz ». Et il eut raison d’y croire, il a aujourd’hui autant de fans de rock que de fans de jazz qui affectionnent sa musique. Rare sont les artistes qui ont eu une compréhension aussi naturelle des deux genres. Entre jazz polyrythmique et beats rock, Mouzon a su cultiver avec virtuosité et panache ce melting-pot tant attendu. Et c’est avec l’aide de ses acolytes Miroslav Vitous (basse), Joachim Kühn (piano/clavier) ou encore Philip Catherine (guitariste), élites dans leur domaine, qu’il a pu enregistrer « In Seach Of A Dream » et en faire un bijou de la fusion jazz-rock.

Le pianiste britannique Greg Foat et le multi-instrumentiste Warren Hampshire (aussi connu pour être membre de The Bees) collaborent ici sur un nouveau LP, dessinant sur leurs diverses influences musicales. Ensemble, ils donnent ici naissance à un splendide univers Jazz et Folk classique moderne et minimaliste, inspirée de "library music" et de bandes sonores italiennes des années 1960.

Centré autour du batteur Toshiyuki Sasaki, puis des bassistes et claviéristes Shigeki Umezawa et Daisuke Takeuchi, Nautilus incarne un mélange de jazz, funk, disco, soul et même hip-hop. La conception de Nautilus n'est pas seulement liée à la composition du même nom écrite par Bob James, mais est aussi une référence à un sous-marin américain, ressemblant ainsi à leur style contemporain et groovy. Les boucles rythmiques de Sasaki combinées à une basse puissante et la prouesse classique du claviériste Takeuchi nous emène pour une ballade sous-marine infinie.

Le jazz japonais est un secret malheureusement trop bien gardé. Or, il serait dommage de passer à côté de Mine, sublime 1er album du Kosuke Mine Quintet, initialement sorti en 1970 sur le mythique label Three Blind Mice. Le disque, composé de 4 longs morceaux, où le saxophone (alto et Soprano) de Kosuke Mine et le Fender Rhodes d'Hideo Ichikawa ne cessent de se répondre, est un sommet de jazz dense et spirituel.