Compte-rendu du Festival du court métrage de Clermont-Ferrand
I/ Présentation générale de l’organisation du Festival1. Une manifestation internationale
Le Festival de Clermont-Ferrand est une manifestation internationalement reconnue qui, depuis 30 ans, a pour but de faire découvrir au public le monde du court métrage. Avec ses 133 000 spectateurs, ce Festival s’impose comme un rendez-vous incontournable.
Alors qu’en 1978, lorsqu’une poignée d’étudiants cinéphiles ont eu l’idée de monter le premier festival du court métrage à Clermont Ferrand, personne n’aurait osé parier un centime sur cette initiative, les compétitions internationales, nationales et labo rendent compte aujourd’hui d’un état des lieux du jeune cinéma dans toute sa diversité. « Le court métrage est représenté dans son intégralité qu’il s’annonce exercice de style ou premiers pas derrière la caméra, qu’il fasse rire, peur ou réfléchir, qu’il s’affirme esthétique ou engagé, qu’il crée ou qu’il dénonce, pour les enfants ou pour un public très averti, qu’il soit d’animation, virtuel ou documentaire, en noir et blanc ou en couleurs… »
Le Prix des Médiathèques récompense depuis deux ans un court métrage issu de la sélection internationale. Créée et organisée par CVS, fournisseur de documents audiovisuels, cette distinction institutionnelle a pour objectif de mettre à l’honneur le court métrage peu connu du public, participer au soutien et à la promotion du court.
Cette année, la Bibliothèque de Caen a eu l’opportunité de participer à la remise du Prix des Médiathèques. Pierre-Joris Even était le président d’un jury composé de cinq représentants de médiathèques de diverses régions françaises : la Bibliothèque Municipale de Nice, la Bibliothèque Communautaire et Inter-Universitaire de Clermont-Ferrand, la Bibliothèque Départementale de Prêt de la Nièvre, et la Médiathèque de la Cinémathèque française.
2. Le Festival en chiffres
Avec une fréquentation de plus de 130 000 spectateurs et de près de 3 000 professionnels venus du monde entier, le Festival du court métrage de Clermont-Ferrand est aujourd’hui le deuxième festival de cinéma en France après le Festival de Cannes, et la plus importante manifestation cinématographique mondiale consacrée au court métrage.
Trois compétitions sont ouvertes à tous sur supports film et vidéo. La Compétition Internationale a mis à l’épreuve cette année 75 films de 47 pays différents. La Compétition Nationale a rendu compte de la diversité du jeune cinéma français avec 65 courts métrages sélectionnés. Quant à la Compétition Labo, elle a permis de faire découvrir 42 films numériques expérimentaux.
3. Le Marché du film court
En même temps que le Festival se déroule, pour la 23ème année, le marché du film court. C’est le rendez-vous mondial de tous les usagers du court métrage : organismes, producteurs, réalisateurs, éditeurs DVD, distributeurs, télévisions, chercheurs de talents s’y retrouvent tous les ans.
En plus d’un salon de 1 100 m² où tous ces professionnels se rencontrent, une vidéothèque constituée de 35 unités de visionnement est mise à leur disposition pour visionner via un serveur vidéo la presque totalité de la production mondiale. Ils ont par ailleurs accès au catalogue Internet « Marché en ligne » qui recense plus de 5 700 titres et facilite la préparation de listes de films à voir ou à promouvoir grâce aux recherches multicritères.
4. Le Centre de documentation de la Jetée
La Jetée, en hommage au film de Chris Marker, abrite les bureaux de Sauve qui peut le court métrage (organisateur du Festival), la Commission du Film d’Auvergne, et un Centre de documentation unique au monde par son fonds consacré au court métrage. Depuis 1979, les réalisateurs inscrits au festival y déposent une copie de leur film.
Le Centre bénéficie d'un équipement destiné à l'accueil du grand public de l'agglomération clermontoise, du monde de l'éducation et des professionnels de l'image. On compte plus de 17 560 monographies et catalogues de festivals, 250 titres de périodiques, 61 000 titres de courts métrages dont 880 copies 16 et 35 mm, 165 copies Beta et 1 060 DVD et CD-Rom. Les documents sont répertoriés et mis à disposition du public dans la salle de consultation. On trouve également dans cet espace huit postes multimédia où peuvent être visionnés les 40 000 films numérisés. Ces postes disposent d’une base de données permettant de rechercher les films par titre, personne, genre, année, pays de production et mot du résumé.
Il est également possible de faire des recherches bibliographiques grâce à l’accès à la base documentaire de la F.I.A.F. et aux bases de données accessibles sur Internet via un catalogue général inter-bibliothèque consultable sur http://bmiu.univ-bpclermont.fr.
Le Centre dispose enfin de 4 salles de visionnage et d’une salle de projection de 90 places. C’est un lieu d’accueil privilégié pour les classes spécialisées cinéma des collèges et lycées de la région.
2/ Le Prix des Médiathèques
1.Une sélection de 75 films pour un seul 1 prix
La compétition internationale de Clermont-Ferrand est l'occasion unique en France de découvrir les productions de courts étrangers. Avec 22 heures de projection, quatorze programmes de 95 minutes, 75 films, le festival international offre un tour du monde permettant de découvrir un jeune cinéma international, de la fiction au documentaire en passant par le film d’animation. Il n’a pas été facile de sélectionner un seul court, tant les films sont différents par leur forme, leur sujet, leur qualité. Nos critères d’évaluation se sont portés sur différents points : la durée, la forme, le message, la production, etc.
2. La Rebelion de los pinguinos
Cette année, le Jury des Médiathèques a choisi de récompenser un film chilien La Rebelion de los pinguinos (La Révolte des Pingouins) de , Simon Bergman, pour son caractère socio-culturel et politique.
Le film, qui a également remporté le , Prix de la Presse, , nous fait vivre le mouvement de revendication des étudiants chiliens en 2005 à travers le regard de Diego qui filme les événements avec son caméscope. Rapportant des images de la violence policière, il prend conscience de la dimension politique du geste de filmer, ce qui ne l’empêche pas de filmer les filles et d’envisager aussi la révolution comme sexuelle. Mêlant fiction et documentaire, La rebelion de los pinguinos nous dévoile une page d’histoire contemporaine méconnue en France qui rappelle notre mai 68 que l’on s’apprête à commémorer cette année.
3.Discours du Jury
La cérémonie de clôture s’est déroulée le samedi 9 février. Voici la transcription du discours prononcé pour la remise du prix :
« Nous allons procéder à l’attribution du prix des médiathèques. Pour cela nous tenons tout d’abord à remercier l’ensemble des organisateurs et des participants de ce festival de permettre l’existence du prix des médiathèques.
En effet, le court métrage est un genre que nous souhaitons défendre et promouvoir dans nos institutions.
Lorsque l’on voit la richesse et la variété des courts métrages proposés lors des séances de ce 30ème festival, cela est très encourageant.
Du cinéma documentaire à la fiction expérimentale, « Clermont oui » le court métrage est bien vivant.
Pour cette 30ème édition, notre choix, qui reposait uniquement sur la compétition internationale, s’est porté sur un court métrage dont l’aspect esthétique et la critique socioculturelle et politique nous a particulièrement touché : La Rebelion de los pinguinos de Simon Bergman.»
Une fois ce discours prononcé par le président de jury, le bonheur a aussi été de constater à quel point le réalisateur était surpris et fier de recevoir , le prix des médiathèques.