Ciné-miroirs : regards croisés sur nos vies - Sélection analytique vidéo - Novembre 2025

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Des histoires où se mêlent humour, peur, rêve et mémoire, pour interroger ce que nous sommes à travers l’écran.

Novembre 2025 - Ciné-miroirs : regards croisés sur nos vies

Ce mois de novembre s’ouvre sur une mosaïque de films où le réel vacille, le rêve s’invite et les voix se répondent. Thriller ou comédie, animation ou drame, chacun de ces récits explore à sa manière la part mouvante de notre époque : les tensions du monde, les métamorphoses intérieures, les peurs collectives et les renaissances discrètes. Entre la rigueur du regard et l’audace de la forme, ces œuvres construisent un panorama où la création n’imite pas la vie : elle la réinvente.
Cette sélection de novembre revendique la diversité des tons et des sensibilités, tout en tissant un fil commun : celui de l’émotion qui persiste quand le générique s’efface, ce moment suspendu où le spectateur devient voyageur, témoin et parfois héros malgré lui.

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Miroirs du réel, éclats d’intime

Le cinéma de ce premier ensemble s’ancre dans la matière humaine : des drames aux thrillers, il observe la faille, la fragilité, le basculement.
13 jours, 13 nuits (Martin Bourboulon) mêle suspense et désarroi moral ; Ange (Tony Gatlif) glisse vers une quête spirituelle où le salut semble toujours différé. Filles désir (Princia Car) interroge les rapports de pouvoir et la violence invisible du désir. Plus loin, Hot milk (Rebecca Lenkiewicz) explore la maladie et la mémoire à travers un regard de femme, tandis que Loveable (Lilja Ingolfsdottir) aborde la reconstruction sentimentale avec une pudeur rare.
Tous ces films font du réel une matière de fiction, en ciselant des émotions brutes, des visages tendus et des gestes suspendus. Ils racontent moins des événements que des états — d’âme, de crise, de survie.

 alt Un axe traversé par la vibration du vrai, où l’intime devient le champ de bataille du monde.

 

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Peurs, chaos et métamorphoses

Le fantastique et l’horreur se font ici miroirs de nos angoisses collectives. De 28 ans plus tard (Danny Boyle) à Souviens-toi… l’été dernier (Jennifer Kaytin Robinson), la peur devient un langage universel : celui de la contagion, du secret et de la survie. Deviant (Daniel M. Caneiro) et Dangerous Animals (Sean Byrne) déploient une imagerie charnelle, presque organique, où la violence se fait symptôme social. Quant à Ugly Stepsister (Emilie Blichfeldt), il transforme le conte en cauchemar contemporain, révélant combien les monstres les plus effrayants portent nos propres visages.
Ce sont des films viscéraux, pulsionnels, mais d’une précision redoutable : chaque ombre, chaque cri interroge la limite entre la peur et le plaisir.

 altUn axe où l’imaginaire affronte nos zones obscures, rappelant que le fantastique parle toujours du réel.

 

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Jeux d’esprit, ironies et chaos ordonné

Sous des dehors légers, les cinéastes jouent avec les conventions et l’absurde. Accident de piano (Quentin Dupieux) s’amuse du hasard et du désordre avec la virtuosité d’un prestidigitateur. Bride Hard (Simon West) détourne les codes du film d’action pour y glisser une ironie libératrice. En boucle (Junta Yamaguchi) multiplie les temporalités dans une farce brillante, quand Phoenician Scheme (Wes Anderson) reconstruit le monde à coups de symétries et de dialogues en spirale. Et dans Karaoké (Stéphane Ben Lahcene), l’humour populaire cache une tendre mélancolie sur la solitude moderne.
Ces comédies, qu’elles soient délirantes ou sensibles, partagent un goût pour la disjonction : celle du ton, du rythme, de la parole. Le rire n’y apaise pas, il désamorce pour mieux réfléchir.

alt Derrière le burlesque, une même obsession : remettre du désordre dans l’ordre du monde.

 

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Traversées, héritages et mondes à réinventer

Entre épopées, récits d’exil ou introspections poétiques, ces films parcourent les territoires du monde et de la mémoire. Amélie et la métaphysique des tubes (Maïlys Vallade) mêle humour et philosophie autour de la naissance du regard. My Father’s Son (Qiu Sheng) relie intimement la perte familiale à la reconstruction identitaire. Kneecap (Rich Peppiatt) transforme la chronique musicale en manifeste social, tandis que Sur la route de papa (Nabil Aitakkaouali) esquisse un voyage initiatique où l’amour filial devient une cartographie intérieure. Enfin, Goya ou Mr. Wolff 2 (Gavin O’Connor) relient l’histoire et l’action contemporaine dans une même tension entre héritage et choix personnels.
Ce sont des films de passage, de frontières, où le récit devient déplacement : du corps, de la pensée, du regard.

 alt Ces traversées rappellent qu’on ne filme jamais un lieu sans filmer aussi la mémoire qu’il contient.

 

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Rêves, jeunesse et renaissances intérieures

La jeunesse, ici, n’est pas un âge mais une disposition du monde. Maya, donne-moi un titre (Michel Gondry) explore la création comme un jeu d’enfant devenu vertige d’adulte. Le Noël de Teddy l’ourson (Andrea Eckerbom) et Les Schtroumpfs : le film (Chris Miller) célèbrent l’amitié et la solidarité à hauteur d’enfant. La Rivière à l’envers (Paul Leluc) déploie une fable animée sur la quête de pureté, tandis que Jurassic World : renaissance (Gareth Edwards) rappelle, derrière son spectacle, l’angoisse écologique d’un monde à préserver.
Ce dernier ensemble, lumineux et mélancolique à la fois, rend hommage à la puissance du rêve et à la capacité du cinéma à réenchanter le réel.

 alt Parce qu’en chaque spectateur demeure un enfant qui regarde pour la première fois.

 

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En conclusion...

À travers ces quarante-deux films, le cinéma se déploie comme un territoire de traduction du monde — de ses vertiges, de ses contradictions, mais aussi de ses élans d’espérance. Les cinéastes interrogent, déplacent, transforment : ils rappellent que la beauté ne se trouve pas dans la perfection des images mais dans leur vibration humaine.
Cette sélection n’offre pas un catalogue, mais une respiration, une invitation à circuler entre les genres, les regards et les émotions. En novembre, plus que jamais, le cinéma se fait langage vivant, capable d’embrasser l’inquiétude et la lumière, la gravité et la joie — tout ce qui, en somme, fait battre le cœur du monde.

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