Sélection analytique Audio - Juillet 2025 - Traversées sonores : 45 albums pour
Une traversée sonore pour explorer notre époque - Sélection Analytique Audio - Juillet 2025

Une constellation d’albums reliés par les émotions. Des voix qui racontent le monde, ses doutes et ses éclats. Une traversée sensible, où chaque écoute devient un morceau d’histoire.
Juillet 2025 - Traversées sonores
45 albums pour explorer notre époque
Il y a des albums qu’on range, et d’autres qui vous traversent. Des disques qu’on écoute distraitement, et ceux qui nous parlent… de nous, des autres, du monde qui tangue.
Notre sélection analytique du mois ne cherche pas à enfermer la musique dans des cases. Elle propose plutôt une traversée : 45 albums, tous parus récemment, qui se répondent sans se ressembler, et qui disent, chacun à leur manière, quelque chose de notre époque.
Ils viennent du rock, de la soul, du métal, de la chanson, du hip-hop ou du folk. Ils sont faits de silences, de cris, de soupirs, de révoltes et de fuites. Et c’est précisément cette diversité qui fait sens.
Ici, pas de genre ni de hiérarchie. Juste six chemins possibles, six manières d’écouter le monde.
Naître au monde, se chercher
Par où commence une vie ? Un album ? Une voix ?
Certains disques semblent écrits dans l’élan premier. Dans Inventions (Schutz), This Material Moment (Me Lost Me) ou You'll Be Alright, Kid (Alex Warren), l’intime domine : ces œuvres capturent la vulnérabilité des débuts.
Mais on la retrouve aussi dans la douceur folk de Myles Smith, dans les hésitations poétiques de Chuck Strangers, ou dans l’urgence mélodique d’un artiste comme Skyjoggers.
Ce sont des musiques à fleur de peau, souvent dépouillées, toujours habitées.
À faire découvrir à ceux qui cherchent dans la musique une lumière discrète.
La mémoire comme refuge
Certains albums ne racontent pas le passé, ils le rejouent...
Il y a des disques qui regardent derrière. Non pas avec nostalgie creuse, mais avec lucidité, comme on feuillète un carnet jauni.
Les rééditions de Nick Drake (Five Leaves Left) ou de Jethro Tull (Still Living In The Past) réveillent une mémoire vive. Bruce Dickinson (More Balls to Picasso) et Paul Weller (Find El Dorado) n’ont rien perdu de leur souffle initial.
Mais cette mémoire ne s’arrête pas au passé : Adventure de Half Japanese ou American Landscapes de Jim Jarmusch en rejouent les paysages. Ce sont des œuvres-racines, où le souvenir est un territoire à arpenter.
À valoriser en section patrimoine… ou pour nourrir les sensibilités contemplatives.
Corps, identités, métamorphoses
Quand la musique devient une peau, un souffle, un vertige...
Certaines musiques ne se contentent pas de parler au cœur ou à l’esprit : elles parlent au corps, au genre, à ce qui bouge en nous.
Ciara, Samantha Schmütz, Wet Leg ou Madeline Kenney dessinent des espaces hybrides, où se croisent désir, solitude, joie, ambiguïté.
Dans Amour Colosse, Babx murmure et s’étrangle avec une sensualité rageuse. Mylène Farmer revient dans une posture plus cinématographique qu’iconique.
Ces disques mutants tracent une cartographie de l’intime, dans toutes ses formes.
À conseiller à celles et ceux qui font de la musique un miroir, même brisé.
Crier, rugir, casser les murs
Certaines musiques ne chuchotent plus, elles cognent.
Il y a un moment où il faut hausser la voix. Certains albums ne s’écoutent pas : ils se prennent en pleine figure.
Chinese Man (We’ve Been Here Before), Alice Cooper, Zzzahara ou Superbus viennent taper là où ça fait mal — et où ça fait du bien.
Dans cette sélection enrichie, Botch, Daron Malakian ou Laura Jane Grace réaffirment que le punk, le métal, le rock dur restent des territoires de résistance. Même Half Japanese, derrière une apparente bizarrerie lo-fi, rugit sa différence.
À sortir des rayonnages feutrés. La colère aussi mérite sa place en bibliothèque.
Utopies fragiles, lueurs tenaces
Un souffle d’ailleurs dans le vacarme du monde...
Rêver, encore.
Certaines œuvres portent en elles un désir d’ailleurs, de possible, de lumière. Gwenno (Utopia), Twice, Wytch Hazel ou Bill Ryder-Jones jouent avec l’idée de mondes meilleurs, parfois naïfs, parfois mystiques.
À leurs côtés, des voix plus troubles, Gary Numan, A.z. et Tiger Rose tissent des utopies paradoxales, instables, mais persistantes.
Il y a dans ces disques un souffle collectif, une envie de tenir debout malgré tout.
À faire rayonner comme autant d'appels à ne pas céder à la fatigue du monde.
Musique-cinéma, paysages mentaux
Bande-son d’un monde rêvé, ou souvenir d’un film jamais tourné...
Certains albums semblent conçus pour l’image. Ce sont des bandes-son de mondes intérieurs, des musiques de films qu’on n’a pas encore tournés.
La monumentalité orchestrale de John Williams, l’épure électronique d’Olafur Arnalds, les textures brumeuses de SZA, les rêveries de The Cold Stares ou Jade Bird… tous convoquent des visions, des scènes, des ambiances.
Et au cœur de cette sélection, un invité inattendu : Jim Jarmusch, cinéaste de l’errance, qui se glisse ici dans la peau du musicien.
À croiser avec vos fonds cinéma, ou à proposer à celles et ceux qui aiment fermer les yeux pour mieux voir.
En conclusion...
Notre sélection analytique de ce mois-ci est plus qu’un panorama musical : c’est un parcours sensible, une carte émotionnelle où chaque album balise une zone d’humanité.
Un cri, un murmure, une respiration. Un frisson collectif, capté sur bande.
À l’heure où tout s’écoute en vitesse, où la musique devient fond sonore, cette sélection vous propose autre chose : ralentir, s’attarder, plonger.
Écouter pour de vrai. Explorer sans a priori. S’étonner, peut-être.
Elle est faite pour être proposée avec passion, partagée avec soin, défendue avec conviction.
Mais surtout : pour vivre dans vos bibliothèques, dans les oreilles, les regards et les émotions de vos publics.
Offrez ces albums comme on tend une main. Et laissez-les faire le reste.