Sélection Analytique Audio - Octobre 2025 - Ruptures contrôlées
Ruptures contrôlées - Sélection Analytique Audio - Octobre 2025

Entre tension et intuition, ces artistes prennent des virages inattendus.
Ils n’hésitent pas à casser les repères pour mieux faire surgir d'autres formes, d'autres forces.
Tout sauf tiède.
Octobre 2025 - Ruptures contrôlées
Qu’ont en commun un morceau de techno hantée, une ballade punk dénudée, un spoken word halluciné ou une soul mutante ?
Leur urgence d’exister hors format, leur volonté d’écarter les lignes.
Ce mois-ci, les artistes choisis avancent sur des failles, flirtent avec le chaos, déjouent les attentes.
Ils réconcilient les extrêmes ou les déchirent volontairement.
Ils nous rappellent que créer, c’est parfois trancher, se réinventer, rompre sans fuir.
Des albums qui frappent fort, murmurent juste ou crissent dans le creux.
Mais tous, à leur manière, incarnent ce moment précis où l’on bascule… et où quelque chose de vivant apparaît.
Écorchures élégantes
Ils avancent blessés, mais jamais affaiblis
Chacun de ces albums, porte une cicatrice sonore, une vibration ténue ou une onde saturée.
Ce qui émerge, c’est une beauté déchirée, un élan retenu, une colère tapie.
Sur Cycle Of The Dying Sun, les textures sombres sculptent un souffle hypnotique.
Dans Better Days, l’harmonie se fragilise à mesure que les accords s’étirent.
Et Veronica Electronica tisse un chant spectral sur des nappes bourdonnantes et granuleuses.
Ici, la douleur devient forme, le trouble devient style.
À proposer à ceux qui cherchent dans la musique un miroir vibrant de leurs failles.
Identités en friction
Aucune case ne les définit.
Ces artistes expérimentent, déplacent, confrontent. Ils jouent avec leurs propres contours et déjouent les identités toutes faites.
Rien ne sonne comme prévu, et c’est justement ce qui frappe.
Sur Figure In Blue, les textures vocales se frottent à l’électronique crue.
Death Above Life glisse de l’ambient au métal atmosphérique avec une cohérence inattendue.
Chama convoque les héritages et les diffractes, comme s’il fallait tout casser pour mieux faire entendre.
Ces disques sont des éclats, des hybridations, des mutations.
À faire écouter à celles et ceux pour qui l’identité est un mouvement, pas une étiquette.

Figure in blue
Charles Lloyd, Jason Moran, Marvin Sewell (site)
- Jazz
La mécanique du trouble
Sous des dehors calmes, le vertige rôde.
Ces œuvres distillent une tension sourde, une inquiétude qui rampe.
Chaque note semble suspendue au fil d’une question sans réponse.
Una Lunghissima Ombra avance dans la brume, entre lyrisme discret et menace latente.
Sur Fogdiver, la saturation et le silence s’alternent avec une précision presque clinique.
Et dans Don’t Go In The Forest, chaque instrument semble sur le point de se dérober, comme une alerte qui ne cesse de monter.
Ici, l’émotion n’explose pas : elle s’infiltre.
À conseiller à ceux qui aiment les disques où l’on retient son souffle sans savoir pourquoi.
Figures mouvantes
Échapper à toute forme fixe.
Ces albums glissent, changent de peau, refusent de se figer.
Ils bougent sans cesse, comme s’ils s’inventaient en même temps qu’ils s’écoutent.
Cult of Kariba conjugue jazz, groove et spirales électroniques dans une danse insaisissable.
Boîte à Musique se déconstruit joyeusement, entre musique jouet et loops lunaires.
Act Seven dessine une dramaturgie éclatée, entre ballades fantômes et secousses sonores.
Et Being Dantès livre une parole incandescente sur des beats impurs et vivants.
Des formes libres pour pensées mouvantes.
À glisser entre les mains de ceux qui refusent de choisir un camp.
Ruptures à nu
Pas d’artifice ici. Pas de vernis, ni d’effet.
Ces disques parlent droit. Ils assument la fragilité, la rupture, le repli, sans jamais tomber dans la pose.
Under the Same Stars respire l’intime, sans emphase.
Ad Astra chemine dans un spleen cosmique à peine voilé.
Cut & Rewind mêle lo-fi crissant et confession murmurée.
Et Zunge 2025 transforme l’ellipse en langage.
Des albums qui ne protègent pas. Et c’est pour ça qu’ils touchent.
À écouter quand tout vacille, mais qu’on ne veut pas de mensonge.
En conclusion...
Notre sélection ne cherche pas l’équilibre.
Elle préfère les tensions, les élans bruts, les gestes singuliers.
Elle trace des lignes sensibles, entre les genres et les récits, entre les formes et les failles.
Ce mois-ci, la musique s’est faite plus âpre, plus libre, plus habitée.
Des voix qui disent l’incertitude, des sons qui refusent l’ordre établi, des albums qui brûlent sans s’expliquer.
À découvrir, partager, faire vibrer dans vos programmations, vos coups de cœur, vos recommandations.
Des disques qui ne rassurent pas toujours, mais qui laissent une trace.